La France métropolitaine abrite 11 espèces différentes d’écrevisses. Seulement 3 espèces sont autochtones ; les 7 autres ayant été introduites, principalement en provenance d’Amérique, à partir d’élevages ou d’aquariums de loisirs.
L’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est la plus « répandue » des écrevisses autochtones par rapport à ses très rares cousines, les écrevisses à pattes rouges (Astacus astacus) et les écrevisses des torrents (Austropotamobius torrentium). Toutes trois sont en forte régression en France. C’est pour cela que leur habitat est protégé par différentes réglementations (protection nationale et européenne).
Leur disparition progressive des cours d’eau français est due à la dégradation des milieux aquatiques (pollutions, recalibrage et rectification des cours d’eau, artificialisation du lit des rivières, perte des habitats naturels, etc.) et à la présence d’espèces d’écrevisses invasives, plus résistantes aux pollutions, aux maladies, plus agressives et plus compétitives pour la nourriture et les abris nécessaires à leur survie.
Les écrevisses invasives présentes en France sont :
– L’écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus)
– L’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii)
– L’écrevisse américaine (Orconectes limosus)
– L’écrevisse à pattes grêles (Astacus leptodactylus)
– L’écrevisse juvénile (Orconectes juvenilis)
– L’écrevisse calicot (Orconectes immunis)
Et les deux dernières arrivées en 2019 :
– L’écrevisse marbrée (Procambarus virginalis)
– L’écrevisse à taches rouges (Faxonius rusticus)
Toutes ces écrevisses transportent des pathologies mal connues dont elles sont porteuses saines (elles ne tombent pas malades même si elles transportent les germes). Par contre les écrevisses d’Europe ne sont pas immunisées contre ces maladies et peuvent mourir par centaines quand elles entrent en contact avec celles-ci. La pathologie la plus connue est l’Aphanomycose, aussi appelée peste des écrevisses. C’est un champignon (mycose) originaire d’Amérique du Nord qui s’attaque aux parties fines de la carapace (membranes articulaires, face ventrale de l’abdomen…). Il se transmet soit directement par contact d’individus infestés soit par déplacement des spores. Ces spores sont très résistants et peuvent être déplacés par l’eau, par d’autres organismes vivants, lors de réempoissonnement (accrochés au mucus des poissons) ou par du matériel (bottes, matériel de pêche, etc.). Les écrevisses moribondes ou mortes peuvent libérer de très nombreux spores et restent donc contagieuses.
Dans le Buëch, deux espèces sont présentes : L’écrevisse à pattes blanches, autochtone et protégée par la réglementation française et européenne (Annexe II et V de la Directive Habitat Faune Flore) et l’écrevisse signal qui est une espèce invasive. Cette dernière a déjà colonisé l’intégralité de l’aval du Buëch de Sisteron à Serres d’où elle a exclu l’écrevisse à pattes blanches. Les effectifs de l’écrevisse signal étant supérieur à plusieurs milliers d’individus, il est à présent impossible de l’éliminer. L’objectif est à présent de limiter sa propagation. La capture et le déplacement d’individus vivants sont interdits dans les Hautes-Alpes. Il est très important de ne pas introduire d’individus dans de petits ruisseaux qui seraient encore épargnés par sa colonisation.
Les écrevisses à pattes blanches se retrouvent ponctuellement dans certaines parties du Buëch et dans quelques-uns de ses petits affluents. Il est interdit de la pêcher car chaque adulte est important pour assurer la reproduction et donc la survie de cette espèce.
Pour les non-initiés, la différenciation entre plusieurs espèces d’écrevisses est assez complexe car il faut regarder le rostre et si une épine (l’ergot) se trouve à la base de la pince (cf. schéma anatomique de l’écrevisse). Les couleurs ne sont jamais de bons critères pour différencier des espèces animales. En effet, les individus ont souvent des couleurs variables pour se confondre avec leur environnement.
Pour plus d’info : Guide d’identification des écrevisses en France métropolitaine Source : Fédérations Lorraine Pêche, décembre 2011.